Iconographie

Dans l’ensemble des représentations iconographiques où la chevelure tient  le rôle principal en voici quatre que je trouve particulièrement significatives.
Elles montrent comment chacun des auteurs de ces œuvres a mis en scène les cheveux d’une célèbre figure : Marie-Madeleine.

Marie Madeleine l’égyptienne d’Ecouis

La première d’entre elles est la statue en calcaire de la collégiale Notre-Dame d’Ecouis datant du premier quart du XIV ème siècle, représentant Marie-madeleine dite l’égyptienne. Marie est drapée dans sa longue chevelure qui retombe  en cascade jusqu’à ses pieds. Seuls son visage, son cou & ses mains jointes sont visibles. Tout le reste de son corps est dissimulé par l’épaisse masse ondoyante de ses cheveux. Cette représentation d’une extrême pudeur indique son état d’anachorète.  Symbole du renoncement au corps, la figure de Marie- Madeleine fut mise en avant au Moyen-Âge.

Marie madeleine Cosimo Rosseli

La deuxième est un superbe portrait du XV ème siècle  attribué à Cosimo Rosselli, appartenant au musée des Beaux-Arts de Lille, qui s’inscrit aussi dans cette lignée. Marie-madeleine y est  simplement vêtue de son abondante chevelure qui s’arrête cette fois sous les genoux. Elle tient entre ses mains une pyxide circulaire à couvercle doré, indice de sa condition antérieure. Son visage amaigri est légèrement tourné vers le bas, les yeux sont baissés. Les pieds joints par les talons, écartés devant, ne reposent sur rien, l’espace n’étant suggéré que par un fond nu en dégradé de gris. Tout témoigne de son choix de vivre en ascète. Les cheveux masquent le corps,  mettant l’accent sur l’expression du visage de la sainte. Là encore la chevelure voile un corps féminin dont  la beauté n’est pas à voir.

Marie Madeleine Donatello

La troisième  est la Marie-madeleine ou Madeleine pénitente de Donatello, sculpture en bois polychrome de 1453-1454 du musée dell’Opera del Duomo à Florence.
La sainte est représentée amaigrie, le visage décharné. Ses longs cheveux hirsutes l’enveloppent presque entièrement. Les bras dénudés se rejoignent du bout des doigts. Les mèches semblent poisseuses, collant aux muscles & aux tendons visibles sous la peau de ce corps décharné.
La restauration de 1972 a révélé la présence de filasse & de fils d’or dans les cheveux, indiquant que l’artiste avait  bien souhaité montrer les ravages de la pénitence & de la vieillesse sur un corps jadis de toute beauté.
Tout comme son choix du  peuplier blanc  pour réaliser cette sculpture qui témoigne de la volonté de Donatello, alors âgé d’une soixantaine d’année, de se donner  les moyens de faire une œuvre très singulière.
Du haut de son mètre quatre-vingt huit, le visage incliné, les yeux disparaissant dans l’ombre des orbites, elle offre au regard des spectateurs une image proche de la mort. Cette œuvre très expressive porte à son paroxysme la représentation d’une femme ayant choisi de sacrifier sa beauté.

 Marie Madeleine Erhart
Marie Madeleine Erhart

Enfin la Marie-madeleine d’Erhart Grégor, sculpture polychrome en tilleul de 1510 exposée au musée du Louvre. Elle montre une sainte nue, dont les cheveux recouvrent le dos. Une longue mèche déploie ses ondulations de l’épaule droite au milieu des cuisses, cachant le bas-ventre, mais pas une partie du mamelon droit et toute la moitié gauche du corps. Les mains sont jointes, le visage est incliné vers le sol. La beauté de ce corps harmonieux est ici révélée. La Renaissance s’annonce, le corps nu redevient visible, même dans un lieu de culte. Cette statue, grandeur nature, était en effet suspendue à la voûte d’une église. Sa pose alanguie était  destinée à souligner son extase mystique, tout comme la pureté de ses traits et la beauté de sa chevelure l’étaient pour montrer sa sainteté. Dans ce cas, l’austérité est abandonnée mais l’intention, qu’a eut cet artiste nordique de la fin de Moyen-Âge, de glorifier Marie-madeleine demeure.

Dans l’ensemble des représentations iconographiques, où la chevelure tient le rôle principal, j’ai choisi très subjectivement ces images qui révèlent le rôle de voile que peut jouer la chevelure féminine.
Le «Voile blanc» & le «Voile noir» ont été créés pour questionner le rôle du voile dans les sociétés