Dentelles

JGL : Réseau de cheveux rouges et noirs sur carton
JGL : Réseau de cheveux rouges et noirs sur carton

La dentelle vit le jour au XVIème siècle dans la région de Venise & aurait d’abord été nommée passementerie en 1539. Le mot dentelle est apparu en 1545 dans l’inventaire de la dot de la sœur de François 1er.
Les cheveux ont  parfois  été utilisés pour faire de la dentelle. Un col en point de Venise commandé par un anglais & que le jeune roi Louis XIV porta pour son couronnement est un exemple particulier de l’utilisation des cheveux. Le travail dura deux ans & couta 250 pièces d’or.

Le roi demanda ensuite à Colbert de faire venir des dentellières vénitiennes dans son royaume pour y enseigner leur art. C’est ainsi que fut créé vers 1660 le « point de France » qui devint le « point d’Alençon« , après avoir obtenu de Colbert un privilège de manufacture royale.
Exécuté avec un fil de lin très fin & une aiguille sur un parchemin & un papier-toile donnant la copie du dessin à reproduire,  il s’effectue sur un fond à mailles ou à réseaux bouclés, avec des points fantaisie & des « brodes » en crin de cheval recouvert de points serrés.
Cette dentelle, surnommée la reine des dentelles, est la plus coûteuse. Elle fut en vogue jusqu’au début du XXème siècle où elle déclina à cause du développement de la dentelle mécanique. Elle a été inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco le 16/11/2010.

JGL : Tissage de cheveux noirs et rouges
JGL : Tissage de cheveux noirs et rouges

La dentelle de Bayeux se fait avec des fuseaux & des fils de soie & de lin.
Elle est arrivée à la fin du XVIIème siècle avec les soeurs de la providence, & s’est développée au XVIIIème siècle avec la création de nouvelles manufactures.
La dentelle aux fuseaux remplaça celle aux aiguilles à partir de la fin du XVIIIème siècle et s’imposa ensuite au IXXème siècle jusqu’à son déclin à partir de 1950. Elle était réalisée par des ouvrières à domicile (15 000 en 1830) auxquelles les leveuses apportaient les commandes de « Chantilly » pièces en soie noire ou de « blonde de Caen » pièces en soie écrue.

JGL : détail de mailles en cheveux rouges
JGL : détail de mailles en cheveux rouges

Dans la région de Caen, à Fontenay-le-Marmion, des dentellières à domicile effectuaient jusqu’en 1957, des fonds de perruques en dentelle aux fuseaux avec des cheveux.
« Elles se servaient de cheveux blonds, blancs ou gris très longs. Le métier comportait un carton de forme ovale, perforé de trous espacés d’un millimètre. C’est dans ces trous que la dentellière enfonçait les épingles après avoir croisés les cheveux. le carton était noir ou noirci avec de la teinture pour que les cheveux clairs puissent être vus plus facilement. Afin de rendre la bordure de dentelle plus solide le fuseau étaient embobiné de deux cheveux. Le point utilisé était très simple puisque ce n’était qu’un fond « Tulle ». Ce travail si fin, si difficile (les cheveux étaient élastiques, il fallait les tirer un  peu pour mettre en place les croisements, mais pas trop pour que le travail ne vrille pas), ne servait qu’à faire des montures pour les perruques vendues à des manufactures de Paris!… Avec un cheveu, la dentelle n’avançait pas vite, les dentellières rapides faisaient trois centimètres carrés à l’heure ». 
Témoignage d’une dentellière du Puy en Velay.

Aujourd’hui le Conservatoire de la dentelle de Bayeux, entretient des relations avec des artistes telles qu’Annette Messager, Ghada Amer et Maria Hahnenkamp pour lesquelles il réalise des œuvres. Les expositions « Métissages » qui ont eu lieu depuis 1998 en France et dans le monde, témoignent de ce lien entre artistes et maîtres d’art.

Mon intérêt pour la dentelle est ancien. Les visites du musée des Beaux-Arts & de la dentelle d’Alençon & du Conservatoire de la dentelle de Bayeux ont enrichi mes connaissances. J’ai développé une technique singulière de dentelle, que l’on voit dans les œuvres suivantes : «Pare- fou», les séries «Web» & «Galaxies». Œuvres exclusivement réalisées avec mes cheveux.